Culture
Pourquoi le monde entier regarde des séries turques
Publié dans le magazine Books n° 104, février 2020. Par Elif Deniz et Patrice Rötig.
La lecture gagne du terrain. Peut-être parce que la censure qui frappe la presse épargne (encore) l’édition.
En Turquie, la censure s’abat régulièrement sur les journaux qui critiquent le régime de Recep Tayyip Erdoğan, mais rien n’empêche pour le moment de se procurer en librairie des ouvrages de toutes opinions. Cela explique peut-être la soif de lire, particulièrement chez les jeunes.
Dans un pays où l’enseignement se cléricalise et où l’histoire se plie à une réécriture politique, le livre apparaît comme une école de substitution. De fait, il s’en publie toujours davantage (61 000 en 2018, en augmentation de 11 % par rapport à l’année précédente). Les ventes progressent (de 7 % par an), et les adultes sont de plus en plus nombreux à acheter au moins un ouvrage par an.
Par rapport à ses 82 millions d’habitants, la Turquie compte pourtant nettement moins de librairies que les pays d’Europe occidentale, et les éditeurs ont du mal à se faire payer. Certains, comme Yapı Kredi Yayınları, ont donc créé des points de vente exclusifs ou se sont...