Au Japon, sur les lignes de tensions

Nicolas Boyer aime flâner dans la banalité des villes, loin des lieux touristiques et des feux de l’actualité médiatique. De ses deux voyages dans un Japon corseté et régi par les normes sociales, il a ramené des images d’où surgit l’inattendu, voire l’incongru : le geste fou d’un ivrogne, la démesure d’un édifice, un yakuza sous les néons, et voilà que le réel bascule.


À Tokyo, devant le temple Shakaden Reiyukai, du nom du mouvement bouddhiste né dans les années 1930. Il a été construit en 1975.

Au printemps 2018, le photojournaliste Nicolas Boyer quitte son domicile parisien pour Tokyo, lesté de son fidèle Canon et de ses abondantes lectures sur l’archipel qu’il allait fouler pour la première fois. Trois mois durant, il s’était gavé de Japon. Il avait lu les récits de voyage du Suisse Nicolas Bouvier, l’enquête minutieuse de l’anthropologue Ruth Benedict sur les codes sociaux, les réflexions du grand maître romancier Tanizaki sur l’ombre et la patine. Il avait plongé dans l’histoire des dynasties, des mafias, de l’érotisme, du bouddhisme, de l’art japonais ; il avait absorbé des centaines de reportages photo, des dizaines de films. « Je suis parti de zéro », dit-il. Et pourquoi le Japon ? « J’aime la géopolitique, c’est mon côté Sciences-Po. J’avais fait un reportage à Détroit, dans l’Occident familier. Le Japon, c’est l’Occident lointain, l’Extrême-Occident : les Japonais ne se considèrent pas comme asiatiques. »

Il s’envole pour deux mois, puis il y reviendra encore trois semaines, l’année suivante. Il ...

LE LIVRE
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Giri Giri de Nicolas Boyer, Les Éditions de Juillet, 2021

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