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Comment distinguer un fou d’une personne saine ? C’est la question que le professeur de psychologie David Rosenhan pose en préambule d’une étude publiée en 1973. Pour la mener, il a convaincu huit personnes en parfaite santé de se faire interner. Ils devaient feindre d’entendre des voix. Une fois admis dans une institution psychiatrique, ils agissaient normalement. Mais il leur fallut à tous plusieurs jours, et même pour l’un d’entre eux jusqu’à 52 jours, pour être relâchées. Et tous, sauf un, furent qualifiées de « schizophrènes ».

Cobayes simulateurs

Jetant le doute sur les diagnostics psychiatriques et les compétences des psychiatres, l’étude de Rosenhan vint à l’époque appuyer un mouvement favorable à la désinstitutionalisation des malades mentaux aux États-Unis. Celui-ci est toujours puissant et a fait des dégâts auprès de bien des patients qui au lieu d’être à l’hôpital se retrouvent en prison, note la journaliste Susannah Cahalan dans The Great Pretender. Pourtant l’étude de Rosenhan est fausse.

Le professeur de psychologie est mort en 2012, mais Cahalan a eu accès à ses notes et au manuscrit d’un livre jamais publié sur son étude. Elle a interviewé ses anciens associés, ses assistants et a traqué les participants de son expérience. Et elle a découvert de nombreuses incohérences.  Rosenhan a embellit les résultats, inventé des chiffres, écarté le témoignage d’un patient test qui ne correspondait pas à sa thèse.

Diagnostiquer la folie

Cahalan n’a d’ailleurs réussi à retrouver que deux de ces « cobayes » et en vient même à penser que les autres n’ont peut-être jamais existé. Pour autant, la journaliste est « prudente » dans ses conclusions, note l’historien des sciences Hans Pols dans Science. « L’étude de Rosenhan, aussi exagérée et malhonnête soit elle, a touché quelque chose du doigt », écrit-elle à la fin de son livre.

La journaliste a « un intérêt tout personnel » pour le sujet, précise la critique Maureen Corrigan sur le site de la radio NPR. « Comme elle le rapporte dans son remarquable témoignage publié en 2012, Brain on Fire, elle est tombée gravement malade à peine entrée dans l’âge adulte et a été hospitalisée après un diagnostic de trouble schizo-affectif. Finalement un médecin a réalisé qu’elle souffrait d’une encéphalite rare, une affection qui simule les symptômes de la maladie mentale. » Cahalan ne cesse dans son nouveau livre de se demander combien de malades aujourd’hui n’ont pas eu la chance d’avoir été bien diagnostiqués.

À lire aussi dans Books : Y a-t-il un progrès en psychiatrie ?, septembre 2019.

[post_title] => Peut-on simuler la folie ? [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => peut-simuler-folie [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-11-14 21:18:39 [post_modified_gmt] => 2019-11-14 21:18:39 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=68309 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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    [post_content] => En 2016, María Elvira Roca Barea, philologue spécialiste de la littérature européenne du Moyen-âge, suscitait la controverse avec la publication de son best-seller Imperiofobia y leyenda negra. Elle y analysait l’origine de ce qu’on appelle la « légende noire espagnole », ces discours diabolisant l’Espagne qui circulaient au sein des nations voisines à partir du XVIe siècle. Dans son dernier ouvrage, Fracasología, elle entend prolonger la réflexion en montrant comment les élites espagnoles, du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, ont progressivement intériorisé ces conceptions dépréciatives de leur propre pays.

L'hispanophobie de Voltaire

Selon Roca Barea, tout s’est joué en 1700 lorsque les Bourbons français, dont la dynastie commence avec Philippe V, prirent place sur le trône d’Espagne. Dès lors, la vision négative qu’avait la France de l’histoire de l’Espagne, du fait principalement de l’Inquisition, s’est imposée au sein des élites intellectuelles et politiques espagnoles, soucieuses de se rallier au discours dominant. L’un des principaux responsables de cette hispanophobie ? Voltaire !, répond la philologue. Ses textes sur l’Espagne, notamment ses Essais sur les mœurs, nourrissent l’idée que « l’Espagnol est un être intrinsèquement arriéré, paresseux, ennemi de la science et du progrès, fanatique, génocidaire, une canaille ingouvernable et orgueilleuse vouée à l’échec », commente Rafael Fuentes dans le quotidien ABC.

Conception péjorative de l'Espagne

Depuis le XVIIIe siècle, les classes cultivées espagnoles n’ont pu se départir de cette conception péjorative de leur pays, accentuée par les années de franquisme. Roca Barea « pense que l’adoption d’une posture critique, disqualifiante voire contrite vis-à-vis des gloires de la patrie est propre à l’Espagne », regrette José-Carlos Mainer dans le quotidien El País. Cet historien de la littérature n’est visiblement pas d’accord avec elle, puisqu’il qualifie sa prose de « fantaisiste et impulsive » et juge que ses « interprétations ne découlent pas d’une lecture attentive des textes ».

À lire aussi dans Books : Le mythe de l’unité espagnole, septembre 2010.

[post_title] => La mauvaise image des Espagnols : c’est la faute à Voltaire ! [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => espagnols-faute-voltaire [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-11-07 22:06:13 [post_modified_gmt] => 2019-11-07 22:06:13 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=67919 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Il était une fois trois sœurs : l’aînée aimait l’argent, la cadette aimait son pays et la benjamine aimait le pouvoir. Elles vivaient dans la Chine du début du XXe siècle entre révolution et guerre civile et leurs princes charmants étaient des leaders politiques. Si les sœurs Soong ont longtemps été présentées aux petites chinoises comme des héroïnes de conte de fée, la lecture de Big Sister, Little Sister, Red Sister, la biographie que l’écrivaine Jung Chang leur consacre, révèle « des divas, des icones, des légendes », note le journaliste Boyd Tonkin dans le magazine culturel en ligne The Art Desk.

Nées dans les dernières années du XIXe siècle, elles sont les filles de Charlie Soong un riche entrepreneur et soutien financier de la révolution menée par Sun Yat-Sen contre le pouvoir impérial.

Filles de la révolution

L’ainée, Ai-Ling, après avoir repoussé les avances de Sun, épouse H.H. Kung, l’un des hommes les plus riches de Chine. Elle œuvre grâce à ses relations et son argent pour les nationalistes.

La cadette, Ching-Ling, qui vénérait Sun comme un héros, accepte de l’épouser. Au décès de son mari en 1925, elle s’allie aux communistes et part en exil jusqu’à la prise du pouvoir par Mao en 1949 (elle sera le seul membre de la famille Soong à vivre au pays après cette date). Elle deviendra alors vice-présidente de la République populaire de Chine.

May-Ling, la benjamine, épouse Tchang Kaï-Chek, chef du parti nationaliste et du pays à partir de 1928. En 1949, ils sont repoussés par les communistes jusqu’à Taiwan d’où Tchang continuera à revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine jusqu’à sa mort en 1975.

L'ombre des épouses

« Un peu bizarrement pour la biographie de trois femmes remarquables, le livre est par moments complètement dominé par les hommes », remarque la professeur d’histoire de la Chine Julia Lovell dans The Guardian. Jung Chang, déjà co-auteure de biographies de Mao et de l’impératrice Cixi, avait à l’origine prévu d’écrire sur Sun. Mais toutes ses recherches la ramenaient aux sœurs Soong et à leurs rôles dans cette période de l’histoire chinoise. D’ailleurs « son désir de souligner ce que la Chine doit aux trois sœurs a tendance à jeter un voile sur des questions cruciales : comment Ching-ling a-t-elle pu se laisser berner à ce point par la révolution de Mao et pourquoi May-Ling et Ai-Ling n’ont finalement pas pu empêcher le régime nationaliste de s’autodétruire malgré tous les avantages tactiques et financiers dont il disposait. », regrette la journaliste Jiayang Fan dans The New York Times.

[post_title] => Les trois fées de la révolution chinoise [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => trois-fees-revolution-chinoise [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-11-05 21:36:58 [post_modified_gmt] => 2019-11-05 21:36:58 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=67805 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Au sud du Yémen, sur la petite île de Socotra, ont été retrouvées dans une grotte des inscriptions faites par des marins entre le Ier siècle avant notre ère et le VIe siècle. On peut lire côte à côte des mots en sanskrit, en grec, en persan, en éthiopien… Cette grotte est peut-être un détail dans l’histoire maritime mondiale mais, prévient David Abulafia, professeur émérite d’histoire de la Méditerranée à Cambridge : « un historien ignore des détails apparemment insignifiants à ses propres périls ».

Réviser les mythes de l'histoire maritime

Ces détails sont justement l’un des « délices » de son dernier livre The Boundless Sea, note l’écrivain voyageur Horatio Clare dans The Spectator. Après avoir publié une vaste histoire de la Méditerranée (Méditerranée, Berceau de l’histoire, L’Archipel, 2004), Abulafia s’attaque au reste des étendues d’eau du globe (soit 70% de sa surface). Et nous invite à « rejeter tout ce que nous pensions savoir sur l’histoire maritime », assure l’historien Gerard DeGroot dans The Times.

Non, l’histoire maritime n’est pas avant tout une histoire européenne. Non, l’exploration des océans n’a pas commencé à l’époque des Grandes découvertes.  Et surtout : les héros de l’histoire maritime ne sont pas les explorateurs, Colomb, Cook ou Magellan. « Leurs voyages n’étaient que des points de départ ; les histoires les plus fascinantes concernent ce qui a suivi. Dans les décennies qui ont suivi l’expédition de Colomb en 1492, de vastes flottilles commerciales voguaient régulièrement dans les eaux des Caraïbes », précise DeGroot.

Les marchands risque-tout

Ces marchands, qui prenaient d’énormes risques se devaient d’être malins et de comprendre les cultures qu’ils rencontraient. Abulafia raconte ainsi comment un artisan chinois faisant du commerce à Manille s’est vu commander une prothèse de nez par un Espagnol. Persuadé d’avoir trouvé là un marché, à sa visite suivante dans le port philippin il rapporte une grosse cargaison de nez en bois, pour découvrir que la plupart des Espagnols disposaient comme lui de leur propre appendice nasal.

Toutes ces histoires remarquables, tous ces détails ont conduit Abulafia à écrire un « pavé » (1050 pages), qui paradoxalement passe un peu vite sur certains sujets, la traite transatlantique, les combats maritimes de la Seconde Guerre mondiale…, regrette l’historien Peter Frankopan dans The Sunday Times.

À lire aussi dans Books : Dans les coulisses de la marine marchande, juillet-août 2016.

[post_title] => Les marchands, pionniers méconnus de l'histoire maritime [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => marchands-pionniers-meconnus-histoire-maritime [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-10-25 16:16:49 [post_modified_gmt] => 2019-10-25 16:16:49 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=67097 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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    [post_content] => À eux deux, Bruce Conforth et Gayle Dean Wardlow ont consacré près d’une centaine d’années à l’examen scrupuleux de la vie et de l’œuvre du célèbre bluesman Robert Johnson. Avec Up Jumped the Devil, ces deux spécialistes du Delta blues, le blues du delta du Mississippi, entendent démystifier la figure du guitariste virtuose, dont on a longtemps murmuré qu’il aurait pactisé avec le diable. Cette légende expliquerait pourquoi, en dépit de l’extrême brièveté de sa carrière, Johnson est devenu une icône, pointent les auteurs.

Bluesman rangé

Mort en 1938, à l'âge de 27 ans, il n’a laissé derrière lui que 29 morceaux, enregistrés au cours de deux sessions en 1936 et 1937. Parmi eux, des standards tels que Sweet Home Chicago ou Love in Vain qui seront plus tard repris par des grands noms du rock – les Rolling Stones, Eric Clapton ou Bob Dylan, pour n’en citer que quelques uns. « C’est Gayle Dean Wardlow qui a retrouvé le certificat de décès de Robert Johnson, il y a plus de cinquante ans, et manifestement, il s’est découvert un goût pour les documents. Ce qu’il y a de plus surprenant, parmi les nombreuses rectifications opérées par les auteurs sur ce qu’a véritablement été la vie de Johnson, c’est de constater à quel point il aurait pu mener une existence “rangée” », commente Russell Davies dans The Times Literary Supplement.

Le diable guitariste

Et pour cause, les auteurs explorent des aspects méconnus de la vie de Johnson : la recherche de son père naturel, la mort en couches de sa première femme et la relation particulière qu’il a nouée avec le guitariste Ike Zimmerman, à qui il doit, plus qu'au diable, d'être devenu un musicien de génie. Conforth et Wardlow lèvent également le voile sur les circonstances mystérieuses de la mort du guitariste de blues. Séducteur invétéré, le musicien a été empoisonné par le mari jaloux de l’une de ses conquêtes, qui a glissé des boules de naphtaline dans son verre. Un geste qui vaudra à Johnson d’être le membre fondateur du malheureux « club des 27 », ces artistes rock décédés à 27 ans. [post_title] => Robert Johnson, vie et mort d'un bluesman [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => robert-johnson-vie-mort-bluesman [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-10-15 16:01:40 [post_modified_gmt] => 2019-10-15 16:01:40 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=64469 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Comment écrire la biographie d’un homme qui a vécu sous une fausse identité dès l’enfance et qui est aujourd’hui suivi dans ses déplacements à l’étranger par une équipe chargée d’effacer toutes ses traces afin qu’aucun échantillon ne puisse être prélevé pour en déduire des informations sur sa santé ?

 

Pour faire le portrait du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, Anna Fifield, cheffe du bureau du Washington Post à Pékin, a notamment remonté la piste de tous ceux qui l’ont côtoyé : de ses camarades de classe à l’ancien basketteur américain Dennis Rodman. Elle a même retrouvé son oncle et sa tante maternels, chez qui il logeait pendant sa scolarité en Suisse, et qui vivent à présent en exil aux États-Unis.

Un dirigeant responsable

 « Cependant, contrairement à une biographie classique, on ne pénètre pas ici dans l'intimité du personnage. Kim apparaît comme un objet vu de l’extérieur », remarque le journaliste Scott Neuman sur le site de la radio publique américaine NPR. « Il en résulte un portrait d'un dirigeant parfaitement responsable de ses actes ».

Kim a grandi avec le sentiment que tout lui était dû, et sa jeunesse en Occident lui a appris une chose, précise Fifield dans un entretien au Japan Times : « Il n’y a qu’en Corée du Nord qu’il peut être le grand manitou ». Il a ainsi, dès son accession au pouvoir en 2011, à la fois éliminé physiquement les personnes qui représentaient une menace (parmi lesquelles son demi-frère et un oncle) et mis les bouchées doubles pour faire aboutir les programmes nucléaires et balistiques.

La mue du tyran

Une fois démontrée la capacité de la Corée du Nord à frapper le sol américain, Kim pouvait commencer sa mue et « troquer les habits de tyran cruel, menaçant et doté de l’arme nucléaire pour ceux de dictateur incompris, affable et soucieux de développer son pays », écrit Fifield. Car, selon elle, Kim sait que la levée des sanctions internationales qui pèsent sur son pays est le meilleur moyen pour lui de se maintenir durablement au pouvoir. La menace ne vient pas tant de la population, qui n'est pas vraiment en mesure de se révolter, que de l'élite technocratique qu'il se doit de contenter.

À lire aussi dans Books : Tartuffe en Corée, septembre 2013.

[post_title] => Dans la tête de Kim Jong-Un [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => tete-kim-jong [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-10-17 11:30:49 [post_modified_gmt] => 2019-10-17 11:30:49 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=64693 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Paru en 2016 en France, l’ouvrage de Denis Lacorne, aborde un sujet à la fois brûlant et clivant, celui de la tolérance et de ses limites, dans un contexte de vive polémique sur la burqa et le voile à l’école. Une spécificité bien hexagonale, souligne l’auteur. Et pourtant, trois ans plus tard, son livre est traduit aux États-Unis, où, comme dans la plupart pays anglo-saxons, ces deux attributs vestimentaires de l’islam ne semblent pas soulever autant de passions. Pour preuve, rappelle Denis Lacorne, la burqa n’est pas interdite dans l’espace public et le voile est autorisé à l’école.

La pratique de la tolérance n’est pas la même selon les siècles et les traditions. Et c’est certainement cette approche posée, historique et comparative du politologue français qui semble avoir surtout été appréciée outre-Atlantique. A travers de nombreux exemples, de l’Empire ottoman à la République de Venise – qui pratiquaient une tolérance religieuse bien avant l’heure – en passant par le siècle des Lumières aux événements d’aujourd’hui, le livre de pose des « questions cruciales » estime l’éditeur américain des Limits of tolerance (Columbia University Press). « Doit-on imposer des limites à la liberté d’expression au nom de la pudeur et la dignité ? Accepter les symboles religieux dans l’espace public ? Tolérer l’intolérance ? ». En passant en revue les événements récents (attaque contre Charlie Hebdo, attentats de Paris…), Lacorne déplore un certain « rétrécissement des territoires de la tolérance », essentiellement dû au retour en force des intégrismes religieux, notamment musulman. Mais il interroge aussi longuement la surréaction de la France où la « laïcité jacobine est devenue une sorte de religion de l’État ».

À lire aussi dans Books : « La tolérance, jusqu’où ? », octobre 2014.

[post_title] => La tolérance : son histoire et ses limites [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => tolerance-histoire-limites [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-08-19 13:38:46 [post_modified_gmt] => 2019-08-19 13:38:46 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=62217 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Dans « L’illusion de connaissance », Steven Sloman et Philip Fernbach, deux cognitivistes américains, s’intéressent à un phénomène dont peu d’entre nous admettent l’existence – et pour cause puisqu’il s’agit de notre propre degré d’ignorance. Leur constat est pourtant sans appel : en tant qu’individus, nous savons bien peu de choses du monde qui nous entoure – si peu que nous devons sans cesse nous en remettre aux connaissances des autres.

Paradoxalement, l’humanité prise collectivement est capable de mettre des stations spatiales en orbite ou de maîtriser la fission nucléaire, mais, à l’échelle individuelle, beaucoup d’entre nous seraient bien en peine d’expliquer le fonctionnement d’artefacts quotidiens les plus simples, rappellent-ils. Qui pourrait se targuer de comprendre dans le détail comment marche une chasse d’eau ?

Les économistes appellent ça « la division cognitive du travail » : le processus de production dans les sociétés capitalistes est segmenté en fonction de la nature des savoirs requis. Du coup, chacun sait ce qu’il a à faire mais ignore tout du savoir-faire de l’autre et, plus grave encore, ne s’y intéresse pas. « Nos connaissances individuelles sont extrêmement superficielles, elles effleurent à peine la réelle complexité du monde, et, pourtant, nous ne réalisons pas à quel point notre compréhension est réduite », soulignent les auteurs.

Là où cela devient vraiment problématique, c’est quand il s’agit de politique, relève Elizabeth Kolbert dans The New Yorker. « C’est une chose que de ne pas savoir comment fonctionne une chasse d’eau, c’en est une autre que de se positionner par rapport à un décret anti-immigration sans savoir de quoi il est question », écrit-elle en référence aux dernières mesures dans ce domaine prises par Donald Trump.

À lire aussi dans Books : « Ce que je pense est-il fondé », septembre/octobre 2017.

[post_title] => L'empire de l'ignorance [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lempire-de-lignorance [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-08-19 13:37:41 [post_modified_gmt] => 2019-08-19 13:37:41 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=62120 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Il faut être un intellectuel pour croire une chose pareille : quelqu’un d’ordinaire ne pourrait jamais atteindre une telle jobardise. » Avec cette formule inspirée de George Orwell, Jean-François Braunstein, philosophe français des sciences et de la médecine, résume son sentiment face aux travaux d’éminents universitaires anglo-saxons.

Peter Singer, Judith Butler, John Money, Anne Fausto-Sterling, Donna Haraway…, émettent « des discours sur l’amour et la tolérance, sur les animaux maltraités ou les mourants à soulager, auxquels chacun a immédiatement envie de souscrire » qui conduisent « à des conclusions absurdes et choquantes » écrit-il dans son dernier ouvrage La philosophie devenue folle.

Une philosophie qui veut gommer les limites

À travers une galerie de portraits au vitriol, il signe un pamphlet contre les errances théoriques qui ont fleuri dans certains domaines.  « Ce que Jean-François Braunstein appelle la philosophie devenue folle », est « une philosophie qui veut gommer les limites, et ce dans les trois domaines que sont le genre (différences de sexe), le droit des animaux (différence humain/animal) et la bioéthique (différence entre vie digne d’être vécue et les autres) », précise le philosophe suisse Mark Hunyadi dans le quotidien Le Temps.

Penser les questions morales

La victime préférée de Braunstein est Peter Singer, professeur de bioéthique à Princeton. « Il est dépecé sans pitié », assure Hunyadi. Depuis la publication de La Libération animale (Grasset, 1993), Singer est connu pour être l’inventeur des termes de « spécisme » et d’« antispécisme ». De la défense des animaux, il a développé sa vision utilitariste du monde jusqu’à englober  la vie humaine, affirmant que la vie d’un chien était plus estimable que celle « d’un être de notre espèce dont les capacités intellectuelles sont gravement diminuées ». Il justifie même l’infanticide de nouveaux nés et l’euthanasie non volontaire. Comment en arrive-t-il là ? Pour Braunstein, Singer et les autres commettent tous la même erreur : « penser que les questions morales sont analogues à des problèmes logiques ou juridiques, dans lesquels une solution et une seule s’impose ». Jusqu’à en oublier l’humain.

À lire aussi dans Books :L’écrivain, le philosophe et les bêtes,mai 2011.

[post_title] => Quand la philosophie dérape [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => philosophie-derape [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2019-07-23 19:05:25 [post_modified_gmt] => 2019-07-23 19:05:25 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=61910 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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    [post_content] => Professeur dans la prestigieuse Harvard Kennedy School of Govern­ment et auteur de nombreux livres, Thomas Patterson dresse un sombre tableau de la presse américaine. Le journalisme outre-Atlantique serait « corrompu » et « pourri de l’intérieur », estime-t-il en pointant du doigt la surabondance d’informations, la course à l’audience et la recherche de profits. Il cite aussi de nombreuses études qui font le lien entre l’accélération du temps des médias et l’exactitude des informations qu’ils rapportent. Résultat : « Les citoyens qui lisaient les journaux tendaient à avoir une vision du monde plus réaliste que les autres. C’est toujours vrai, mais de moins en moins », écrit-il.

Thomas Patterson plaide pour un « journalisme fondé sur la connaissance ». Il préconise l’amélioration de la formation des journalistes sur deux points : ils doivent être plus conscients de l’impact de leurs choix rédac­tionnels sur l’information elle-même et sur le ­public ; ils doivent aussi acquérir une meilleure culture générale et devenir des spécialistes des sujets qu’ils traitent. Cela leur évitera, selon Patterson, de se trouver en position d’infério­rité face à leurs interlocuteurs, et donc éventuellement à la merci de leur stratégie ou de leur idéologie. « En substance, Patterson cherche à réformer le journalisme, à le faire passer de métier à profession », analyse dans The Conversation Glyn Davis, professeur de sciences politiques et ancien vice-recteur de l’université de Melbourne. D’aucuns jugent cette approche irréaliste, voire utopique. En mini­misant le caractère inévitable de la place des idéologies et de l’économie dans la fabrique de l’information, Patterson ­défend un journalisme relevant du « rêve technocratique », estime Robert Jensen, ancien professeur de journalisme à l’Université du Texas à Austin.

 

À lire aussi dans Books : Une leçon de journalisme, mars 2013.

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