Contestation virale au siècle des Lumières

Une enquête policière dans le Paris du XVIIIe siècle permet d’assister en direct à la naissance d’un nouvel acteur de la démocratie : l’opinion publique.

Voilà des citoyens anonymes qui, sous une dictature, font circuler des propos désobligeants contre le pouvoir. Lequel parvient à identifier quatorze de ces propagateurs d’insolences, qui se retrouvent prestement embastillés. Banale et triste histoire d’une « révolution Twitter ou Facebook dans un coin bien répressif du monde ? », interroge Emily Parker dans The New Republic. « Pas du tout : diffusion de poèmes interdits dans le Paris du XVIIIe siècle. »

L’historien du livre Robert Darnton décrit dans son dernier ouvrage les processus par lesquels, même au sein d’une société largement illettrée et vigoureusement policée comme celle de l’Ancien Régime, l’information parvenait malgré tout à se répandre. « On croit que l’ère de la communication est toute récente », poursuit Emily Parker, mais, au XVIIIe, les poèmes clandestins « ont fait découvrir aux autorités françaises un phénomène nouveau : l’opinion publique », alias « Monsieur le Public » – c’est-à-dire « un élément indéfini mais très puissant avec lequel le pouvoir a dû apprendre à compter ». Et le pouvoir a vite appris. L’auteur décrit en ...

LE LIVRE
LE LIVRE

La police et la poésie. Les réseaux de communication dans le Paris du XVIIIe siècle de Contestation virale au siècle des Lumières, Harvard University Press

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