Démangeaisons
Publié dans le magazine Books n° 111, octobre 2020.
« Dix livres publiés en dix ans ont fait de Sergio del Molino le maître d’un genre bien à lui, qui conjugue chronique autobiographique et enquête journalistique fouillée », note le quotidien El País. Cette alchimie particulière explique en partie le succès de La España vacía (« L’Espagne vide »), l’essai que l’auteur a consacré en 2016 au dépeuplement de l’Espagne intérieure.
Dans La piel, del Molino ne s’intéresse plus à la géographie d’un pays, mais à celle, plus intime, de l’épiderme : l’écrivain souffre de psoriasis, une maladie inflammatoire qui se caractérise par l’apparition de plaques sur la peau. Fidèle à sa méthode, il mêle le récit de sa propre expérience à une recherche sur des personnages célèbres affligés du même mal – Vladimir Nabokov, Pablo Escobar, Staline… Comme toute maladie chronique, le psoriasis façonne la personnalité de celui qui en souffre, estime del Molino. La pulsion meurtrière de Staline découlerait ainsi du dégoût que lui inspirait son corps. Chez l’auteur, la maladie a suscité un goût prononcé de la solitude.Mais il ne cède « ni à la complaisance, ni à l’exhibition de la souffrance », observe le quotidien catalan El Periódico.