En vacances chez Franco

En Espagne, le tourisme n’a pas seulement défiguré la côte, il a aussi miné lentement la dictature, en obligeant le régime à s’adapter à de nouvelles règles du jeu.

Les touristes ont joué un rôle – à leur insu – dans la démocratisation de l’Espagne. C’est la thèse que soutient l’historien américain Sasha D. Pack dans un livre consacré à la question, désormais traduit en espagnol. Cette activité « contribue à la libéralisation, tant des individus que de la société », commente l’universitaire Michael Sedman dans la Revista de Libros. Dès les années 1950, le tourisme devient l’une des principales sources de devises de l’Espagne. L’importance de l’enjeu oblige bientôt le régime à faire une entorse de taille à ses principes autarciques, en acceptant la libéralisation des taux de change demandée par les Européens et les Américains. Dans les années 1970, une nouvelle étape est franchie : pour répondre aux besoins des touristes qui affluent par charters, le pays développe son infrastructure hôtelière et ses transports. La modernisation ne s’arrête pas au seuil de l’économie : « L’invasion étrangère coïncida avec un relâchement de la censure », souligne Sedman. Dans un pays où l’ordre moral restait très prégnant, les vacanciers charrièrent dans leurs ...
LE LIVRE
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L’invasion pacifique. Les touristes et l’Espagne de Franco de En vacances chez Franco, Turner (Madrid)

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