L’enfer : brève histoire d’un lieu déplaisant

Même si l’idée de l’enfer lui préexiste, il faut attendre le christianisme pour qu’elle se déploie dans toute son extravagance. Fonction principale : maintenir les hommes dans la crainte, disait déjà Christopher Marlowe. La réalité est plus complexe : l’enfer offre des satisfactions, y compris d’ordre politique.


© DEA / G. Nimatallah / De Agostini / Getty

Dieu prend-il plaisir au spectacle de tant de souffrances ? Et, si oui, devons-nous en jouir avec lui ? Détail du triptyque Le Jugement dernier (vers 1500-1505), de Jérôme Bosch.

« Je crois plutôt que l’Enfer est une fable », décrète le célèbre professeur. Un propos surprenant pour la fin du XVIe siècle, époque où personne ou presque n’aurait osé dire une chose ­pareille, et de la part de quelqu’un qui est en pleine conversation avec un ­démon auquel il propose de vendre son âme. Le professeur en question est le docteur Faust, dans la grande tragédie élisabéthaine de Christopher Marlowe. Las de sa maîtrise de la philosophie, de la médecine et du droit, Faust a soif de connaissances occultes. « En quel lieu êtes-vous damnés ? demande-t-il à Méphistophélès, le démon qu’il a fait apparaître. La réponse fuse : « En ­Enfer. » Faust reste sceptique : « Comment se fait-il que toi, tu sois sorti de l’Enfer ? » La réponse du démon est d’un calme dévastateur : « Mais l’Enfer c’est ici, je n’en suis pas sorti. » 1   Marlowe croyait-il vraiment à l’existence de l’enfer, lui qui était un athée notoire et qui déclara (selon un rapport de police) : « La religion ...
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The Penguin Book of Hell de Scott G. Bruce, Penguin Classics, 2018

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