Et Dieu rencontra l’entreprise

Les magnats des années 1950 ont-ils inventé le mythe de l’Amérique chrétienne ?

Il fut un temps où ni les billets de banque américains, ni le serment d’allégeance au drapeau ne faisaient référence à Dieu. Comme le rappelle l’historien de Princeton Kevin Kruse, l’adoption de la devise nationale « In God we trust » ne date que de 1956. Deux ans plus tôt, le Congrès avait fait ajouter au serment d’allégeance l’expression « sous l’autorité de Dieu ». « Ce ne sont pas les Pères fondateurs, mais nos grands-pères qui ont forgé les cérémonies et les formules qui viennent à l’esprit lorsqu’on interroge la nature chrétienne des États-Unis », souligne l’auteur de One Nation Under God. Ainsi qu’il le raconte, de riches Américains comme le pétrolier J. Howard Pew Jr. ou le réalisateur Cecil B. DeMille ont commencé dans les années 1930 à financer des prédicateurs décidés, comme eux, à lutter contre « l’étatisme païen » du New Deal. Figure de ce mouvement, le révérend James W. Fifield officiait dans une église congrégationaliste de Los Angeles. Lui que ses détracteurs avaient baptisé « le saint Paul des nantis » expliquait...
LE LIVRE
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One Nation Under God. How Corporate America Invented Christian America de Kevin M. Kruse, Basic Books, 2015

ARTICLE ISSU DU N°69

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