Femmes bourreaux d’esclaves

Une nouvelle génération d’historiennes le révèle : dans le sud des États-Unis, l’économie de l’esclavage était en grande partie gérée par des femmes.

Henrietta King était une esclave noire de 8 ou 9 ans accusée d’avoir volé des friandises. Sa maîtresse fit caler sa tête sous une chaise à bascule et se balança dessus pendant une heure pendant que sa fille maniait le fouet. Le visage ­mutilé, Henrietta survécut. Elle ne put rien manger de solide ­durant le reste de ses jours. L’administration fédérale avait ­recueilli plus de 2 000 témoi­gnages de ce genre auprès d’anciens esclaves à l’occasion du New Deal, dans les années 1930. Stephanie Jones-­Rogers, historienne à l’université de Cali­fornie à Berkeley, a exhumé ces documents et bien d’autres, et les utilise pour ­décrire le rôle des femmes blanches dans l’économie de l’esclavage dans le sud des États-Unis. Dans les plantations de coton, les filles des propriétaires se voyaient attribuer des esclaves et étaient initiées à la gestion du cheptel humain, brutalités comprises. Devenues majeures, elles pouvaient obtenir la pleine propriété de ces esclaves et entrer sur le marché de l’esclavage, exerçant les fonctions de chef d’entreprise, achetant et vendant hommes, femmes et enfants. Comme la loi rendait en principe ...
LE LIVRE
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They Were Her Property. White Women as Slave Owners in the American South de Stephanie E. Jones-Rogers, Yale University Press, 2018

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