Publié dans le magazine Books n° 90, juillet/août 2018.
Pour coincer les transfuges, le régime communiste nouvellement en place imagina un stratagème pervers.
L’une des actions les plus insidieuses jamais perpétrées par la police communiste », juge la télévision tchèque. « Une opération illégale », rappelle
Literární Noviny. Le quotidien
Dnes évoque, lui, le « piège le plus raffiné imaginé par la Sécurité d’État tchécoslovaque » (StB). Raffiné ? Plutôt « diabolique », de l’avis de l’historien Igor Lukeš. Ces qualificatifs ont fusé dans la presse tchèque lors de la sortie de « Fausse frontière » pour qualifier l’opération Kamen (« pierre » ou « borne-frontière », en tchèque). Son auteure, l’historienne Václava Jandečková, préfère parler d’« une histoire digne du théâtre de l’absurde ».
L’opération commence après la prise de pouvoir des communistes à Prague en 1948. De nombreuses personnes tentent alors de fuir à l’Ouest et les services secrets se demandent comment stopper l’hémorragie. En établissant une fausse frontière, par exemple ! Des agents de la StB sont déguisés en agents américains et en douaniers allemands (les uniformes sont empruntés à des studios de cinéma), postés dans les bois juste avant la frontiè...