Jésus contre le Christ ?

Mais qui était Jésus ? Un prophète apocalyptique prêchant la mort du monde ou un moraliste prêchant l’amour du prochain ? Les deux, disent résolument les Évangiles. Rédigés par on ne sait qui, une génération après la mort du Christ, dans une langue qu’il ne parlait pas, ils reflètent une dualité propre à une religion qui changea le monde.

Quand nous rencontrons Jésus de Nazareth au début de l’Évangile de Marc, vraisemblablement le plus ancien des quatre, c’est déjà un homme adulte. Venu de Galilée, il fait la connaissance de Jean, un ermite se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, qui le baptise dans le Jourdain. Si une chose paraît à peu près certaine à ceux dont le métier est de lire et d’étudier les Évangiles, c’est que cet événement a vraiment eu lieu : Jean le Baptiseur – comme certains aiment à le nommer, pour mieux rendre la limpidité de la forme active grecque – baptisa Jésus. Ils en sont convaincus du fait même de l’improbabilité de la chose, de son incongruité par rapport à l’idée que Jésus a toujours été la vedette de son propre spectacle : pourquoi avoir dit cela si ce n’était vrai ? Ce curieux critère gouverne la critique historique des Évangiles : plus un épisode ou un propos semble improbable ou « difficile », plus il a de chances de correspondre à un fait authentique. L’idée étant que les incongruités ont dû être éliminées des textes sacrés, sauf quand la ...
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Chrétienté. les trois mille premières années de Diarmaid MacCulloch, Viking, 2010

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