La langue des marchands

Les linguistes le savent bien : entre la langue écrite et la langue parlée il existe un gouffre, au point qu’on peut parfois se ­demander s’il s’agit bien du même idiome. L’ouvrage de l’Italien Lorenzo Tomasin le confirme.

Il s’intéresse à une langue très particulière, éminemment orale : celle des marchands de l’Europe romane des xive et xvie siècles. Sa conclusion : autant la littérature a eu tendance à cloisonner les différentes langues nationales, autant le langage des marchands se moque des règles et des frontières. La langue littéraire, résume l’écrivain Nicola Gardini dans le quotidien Il Sole 24 Ore, n’a rien de « spontané, même lorsqu’elle semble l’être. Elle sélectionne et réorganise des éléments choisis selon des critères esthétiques et tend à imposer des normes grammaticales ». À l’inverse, la langue des marchands est ouverte : « Le vocabulaire, les expressions idiomatiques, les fautes même passent d’une langue vernaculaire à une autre, créant un espace composite qui semble ignorer le concept d’identité linguistique, ...

LE LIVRE
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L’Europe romane. Sept histoires linguistiques de Lorenzo Tomasin, Einaudi, 2021

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