En 1946, une dizaine de boîtes métalliques furent déterrées dans l’ancien ghetto juif de Varsovie. L’organisation clandestine Oyneg Shabes y avait déposé durant la guerre ses écrits en yiddish. Ces archives, qui n’ont jamais été traduites ni publiées intégralement, nourrissent depuis plus de cinquante ans le travail des historiens. A son tour, Samuel Kassow s’appuie sur elles dans
Who will write our history ? (« Qui écrira notre histoire ? »). Un récit auquel il mêle la biographie du charismatique Emmanuel Ringelblum. Historien, ce dernier avait formé autour de lui une équipe d’une cinquantaine d’intellectuels afin de consigner l’histoire du ghetto. Ensemble, ils ont récolté les témoignages, les statistiques et décrit la vie quotidienne. Marxiste, Ringelblum considérait que l’écriture de l’histoire devait être une entreprise collective, indissociable de son contexte politique et social. Le groupe s’est donc attelé à rapporter l’histoire de la communauté juive de Varsovie directement, sans recul, avant que « le traumatisme n’estompe les souvenirs ».
Le résultat offre un précieux aperçu des réactions immédiates des habitants face aux atrocités. Il ...