La petite mère des peuples

Le Japonais ? Formaté par l’apprentissage de la propreté. Le Grec ? Un enfant sexuellement frustré. L’Américain ? Un petit immigré crâneur et optimiste… Durant la Seconde Guerre mondiale, Margaret Mead, la plus célèbre anthropologue du monde anglo-saxon, icône féministe, veut aider l’Amérique à comprendre ses alliés, ses ennemis et elle-même. Au mépris de toute rigueur, elle produit un catalogue de clichés dont il n’y a rien à retenir, sinon la lumière qu’il jette sur sa personnalité.


© Smithsonian Institution Archives

Rebecca Mead en 1948

«Ce livre est consacré à la plus célèbre anthropologue que la terre ait jamais portée : Margaret Mead », écrit Peter Mandler. D’autres prétendants au titre viennent spontanément à l’esprit (James George Frazer ? Claude Lévi-Strauss ?), mais on peut en effet affirmer que Margaret Mead fut longtemps la chercheuse en sciences sociales la plus encensée des États-Unis – et en tout cas, la plus connue. Depuis sa mort en 1978, le genre d’anthropologie qu’elle pratiquait semble être passé de mode, mais sa vie n’a cessé de susciter un intérêt croissant. Mead a écrit une autobiographie agréable à lire, à défaut d’être sincère. Après son décès, sa fille a publié des mémoires qui levèrent un coin du voile sur sa bisexualité. Depuis, deux biographies et un recueil de lettres sont également parus. Et Mead est au centre de trois livres récemment consacrés à une autre anthropologue célèbre, Ruth Benedict, dont elle suivit les cours et avec qui elle eut une longue relation amoureuse. Deux autres ouvrages ont d’ailleurs été consacrés à leur relation. Ces deux femmes, sexuellement libérées dans une socié...
LE LIVRE
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Retour de chez les indigènes de Peter Mandler, Yale University Press, 2013

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