L’animal raisonnable

Du point de vue de l’évolution, la raison a une fonction sociale avant tout. Cela explique ses dérapages.

Pourquoi adhérons-nous à des croyances absurdes, fausses ou douteuses ? Ne sommes-nous pas « l’animal raisonnable », au sens où l’entendait Aristote, c’est-à-dire doué de raison ? Notre dernier numéro (« La Terre est plate ! ») présentait trois approches possibles du sujet. La psychologie comportementale a mis au jour et décortiqué les nombreux biais cognitifs qui affec­tent nos modes de pensée. Au premier rang desquels le biais de confirmation, qui nous incite à privilégier les indices venant renforcer nos convictions déjà établies. C’est l’école de Daniel Kahneman, Amos Tversky et d’autres. Croire à notre rationalité est une fausse croyance. Nous ne cessons les uns et les autres, experts compris, de nous penser plus ration­nels que nous le sommes et nous voilons la face en refusant d’admettre que nos raisons de croire ou d’argumenter dans tel ou tel sens ne valent pas forcément mieux que celles de notre voisin. Le sociologue Raymond Boudon mettait l’accent, lui, sur ces « raisons de croire » pour en souligner, au contraire, la rationalité. Si nous pensons quelque chose, c’est que nous avons de « bonnes » raisons de le faire. Avant l’avènement de la ...
LE LIVRE
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The Enigma of Reason de Hugo Mercier et Dan Sperber, Harvard University Press, 2017

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