L’effet cocooning d’Internet

Le Web renforce un phénomène ancien : nous vivons dans des bulles filtrantes qui privilégient ce que nous voulons entendre et écartent ce que nous voulons ignorer. La thèse est connue. Mais que vaut-elle vraiment ?


Dans un livre consacré aux conséquences sociales d’Internet, The Age of the Infovore (1), l’économiste et blogueur Tyler Cowen soutient que les nouvelles technologies nous permettent de choisir les infor­mations que nous consommons et, ainsi, de nous « refaire » à notre guise. Au lieu de lire le même journal ou de regarder les mêmes actualités télévisées, nous pouvons mitonner notre cocktail de sources et créer une micro-économie de l’information personnelle, qui non seulement reflète nos goûts mais nous aide à les remodeler en permanence. Eli Pariser examine les mêmes données que Cowen mais les interprète de manière bien différente. Là où celui-ci voyait un facteur favorable à l’autonomie individuelle, Pariser décèle une entrave à l’enrichissement personnel. Au lieu de construire une micro-économie individuelle qui nous aide à donner sens à la complexité, nous faisons des médias un miroir qui nous renvoie l’image de nos propres préjugés. Pis, des sites comme Google et Facebook déforment le miroir d’une manière qui exagère nos traits les plus saillants. À notre insu, ils remodèlent notre univers d’...
LE LIVRE
LE LIVRE

La bulle filtrante de L’effet cocooning d’Internet, Viking

SUR LE MÊME THÈME

Dossier L’ère du traumatisme
Dossier La nouvelle guerre froide
Dossier La nouvelle Inquisition

Aussi dans
ce numéro de Books