Légaliser les drogues : vraiment ?

C’est une idée à la mode : autoriser les stupéfiants, comme l’alcool, permettrait d’en finir avec la criminalité engendrée par le trafic. Ah oui ? C’est méconnaître les ressorts de la délinquance. Al Capone n’a pas attendu la prohibition pour sévir. Et la Colombie a connu la violence bien avant la cocaïne. L’argument passe aussi sous silence les effets pervers des formes actuelles du soutien sanitaire des toxicomanes.

Alors que je travaillais comme médecin sur un archipel reculé du Pacifique, qu’un visiteur de passage aurait assimilé au paradis sur terre, j’eus la surprise de voir les jeunes se démener pour se procurer des bouteilles d’essence – sachant qu’aucun véhicule motorisé ne circulait sur ces îles – pour en renifler les vapeurs. Quand je leur ai demandé quel effet cela leur faisait, ils m’ont répondu que l’essence leur donnait des maux de tête, des palpitations, la nausée et le vertige ; parfois, s’ils allaient trop loin, ils pouvaient même perdre connaissance. Ne voyant vraiment pas ce qu’il y avait là d’agréable, je leur ai demandé pourquoi ils s’adonnaient à cette pratique. « Pour se sentir autrement », m’ont-ils répondu. Notez bien : autrement, pas mieux. L’idée me traversa l’esprit qu’on aurait décidément du mal à dissuader un être comme l’homme, capable de vouloir changer d’état de conscience par pur plaisir, de prendre des psychotropes. La justesse de ce pronostic m’a été récemment confirmée sur la ligne B du RER entre Roissy et ...
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Drogues, Pourquoi la légalisation est inévitable de Légaliser les drogues : vraiment ?, Denoël

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