Les charmes de l’asphyxie

Malaisien d’origine chinoise ayant émigré à Taïwan, Zhang Guixing signe un roman somptueux sur l’occupation de Bornéo par les Japonais.


Lorsque les troupes japonaises envahirent Bornéo, pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Chinois furent obligés de quitter l’île. © Australian War Memorial

Nous sommes en 1941 à Krokop, un petit village surnommé « le Bouk aux Sangliers » et situé au Sarawak, cet État du nord-ouest de Bornéo alors sous la coupe des « rajas blancs ». Les gisements de pétrole et les plantations d’hévéas nouvellement exploités requièrent une main-d’œuvre importante, qui explique la composante bigarrée des habitants : paysans chinois, ouvriers javanais, commerçants japonais, tout un petit monde qui vit à peu près en bonne intelligence. Jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale fasse son apparition sous la forme de « dix mille soldats japonais [arrivés] à bord de leurs bâtiments de guerre, escortés par trois destroyers, quatre croiseurs, un chasseur de sous-marins, deux dragueurs de mines et deux avions de reconnaissance ». C’est le début de trois ans et huit mois d’une occupation monstrueuse – ici les monstres sont bien réels, loin des yōkai, ceux des légendes, dont les enfants revêtent les masques. 
Dans le roman de Zhang, un nouveau monde se substitue à l’ancien, faisant table rase des repères quotidiens. Les frontiè...

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La Traversée des sangliers de Zhang Guixing, Éditions Picquier, 2022

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