Publié dans le magazine Books n° 98, juin 2019.
La valeur sociale du travail n’entretient qu’un lien éloigné avec sa rémunération, selon deux ouvrages récents. Moralité ? Il faut changer de regard sur l’économie.
« Nous vivons une époque improbable. Les robots vont peut-être prendre nos emplois. L’Arctique pourrait disparaître. Dans ce contexte, les défenseurs du revenu universel ont le vent en poupe », constate l’essayiste indien Akash Kapur dans le
Financial Times. Dans un quotidien aussi peu porté sur l’utopie, il pose franchement la question : « Leurs rêves pourraient-ils devenir réalité ? »
C’est que l’affaire devient sérieuse. La croissance économique se révèle destructrice pour l’environnement comme pour le tissu social, en raison des inégalités qu’elle génère : « La croyance en la panacée de la croissance est écornée », écrivent les chercheurs belges Philippe Van Parijs et Yannick Vanderborght dans leur nouvelle somme sur le
revenu de base inconditionnel – après avoir publié, en 2005,
L’Allocation universelle.
Des réformes modestes mais réalistes
Le revenu universel devrait selon eux être mis en pratique « progressivement, par le biais de réformes modestes mais réalistes ». Si Akash Kapur apprécie une « analyse approfondie », une « prose mesurée, souvent éclairante », les auteurs ne cachent pas ...