Marre de l’authenticité

De nos jours, difficile d’échapper à cette exigence : tout doit être « authentique », le logement, le restaurant, ce qu’on dit, ce qu’on fait… Agir, parler, écrire en conformité avec son moi profond, voilà la recette du bonheur, mais aussi, pour les vedettes ou les hommes politiques qui en font étalage, de la popularité. Dans un petit livre paru à l’automne dernier outre-Rhin, l’universitaire Erik Schilling critique impitoyablement cette tendance. Selon lui, elle a pour défaut d’essentialiser les choses comme les personnes et d’évacuer la possibilité de l’ambivalence et de la contradiction. Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le sociologue Andreas Reckwitz salue un essai « stimulant et convaincant », en particulier quand il aborde le vrai domaine de compétence de Schilling, la littérature. Fini, dans les romans qui triomphent aujourd’hui, les jeux postmodernes sur l’identité du narrateur et les différents modes de narration. Désormais, l’heure est à la stricte coïncidence de l’auteur et de l’histoire qu’il raconte ; on porte aux nues les récits impudiques du Norvégien Knausgaard et du Français Édouard Louis, autant d’ouvrages qui, « à la ...

LE LIVRE
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Authenticité. Trajectoire d’une aspiration de Erik Schilling, C. H. Beck, 2020

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