Notre mère la tectonique
Publié le 15 mars 2019. Par Olivier Postel-Vinay.
On parle beaucoup de l’action de l’homme sur la Terre. Mais qu’en est-il de l’action de la Terre sur l’homme ? C’est le sujet du très beau livre de Lewis Dartnell, un astrobiologiste britannique converti à la vulgarisation scientifique, au sens le plus noble du terme. Son angle d’attaque est la tectonique. Il ouvre le bal avec l’extraordinaire processus qui a conduit au soulèvement du Rift. Cette nouvelle chaîne montagneuse ayant arrêté les pluies, l’est africain s’est réchauffé et asséché ; la forêt tropicale a fait place à la savane, propice à la bipédie.
De la tectonique à Sapiens
La tectonique a accouché de Sapiens. Ailleurs d’autres montagnes neuves se sont érodées, apportant dans les vallées et les plaines les minéraux et les nutriments qui ont permis la naissance de l’agriculture. De ces mêmes montagnes ont partout jailli des cours d’eau comme le Nil, le Tigre et l’Euphrate, assurant une prospérité durable, nécessaire à l’essor des premières civilisations.
Il n’y a pas que la tectonique bien sûr. L’excentricité et la forme de l’orbite terrestre, alliées aux caprices du Soleil, ont déterminé le changement climatique grâce auquel Sapiens a pu donner toute sa mesure, en bénéficiant d’un climat plus chaud. Non sans de menues catastrophes, comme l’effondrement voici 13 000 ans du gigantesque lac Agassiz, au Canada, qui a provoqué une hausse du niveau des mers de 1 à 2 mètres.
De la pierre au programme scolaire
Changeant d’échelle de temps, Dartnell rappelle aussi que nous n’aurions pas de métallurgie ni même de pierre à bâtir sans les effets de température et de pression qui se sont produits sous la surface de la Terre au précambrien. Et ainsi de suite.
Comme l’écrit le paléontologue Kevin Padian dans la revue Nature, tout le programme scolaire de physique et de chimie pourrait être intelligemment repensé en puisant dans les péripéties de cette longue histoire.
À lire aussi dans Books : Une autre histoire du Déluge, juillet-août 2016.