Publié dans le magazine Books n° 97, mai 2019.
Napoléon avait quelques talents, certes. Mais pas ceux qu’on lui prête. « Les Français vont détester cette nouvelle biographie de Bonaparte », prédit un historien britannique.
Napoléon continue de fasciner ses anciennes victimes. La plupart des innombrables ouvrages qui lui sont consacrés sont écrits en anglais. Celui que les Britanniques surnommaient « Napsy », ou « Little Boney », est au Royaume-Uni l’objet d’un
culte insolite, dont le palais londonien du duc de Wellington, son vainqueur à Waterloo, est peut-être le principal sanctuaire : Apsley House est en effet un véritable conservatoire de napoléoneries, en tête desquelles une monumentale sculpture de l’Empereur nu réalisée par Antonio Canova qui occupe toute la cage d’escalier
1.
Si certains historiens britanniques sont quasi napoléonolâtres, d’autres voient en lui « une figure du mal, ou simplement un sale petit dictateur », écrit leur confrère Adam Zamoyski, qui occupe pour sa part une position un peu inédite : il considère Napoléon comme un homme (très) ordinaire qui a connu un destin extraordinaire.
À cet effet, Zamoyski se livre à « un véritable travail de restauration afin d’éliminer toutes les couches de mensonges, d’exagérations et d’idées fausses et révéler l’homme débarrassé de son vernis », écrit ...