N’y a-t-il donc rien d’autre à voir ?

Jamais nous n’avons connu pareille abondance d’art et d’artistes. Jamais autant de biennales, de foires, d’expositions, de galeries. Mais quel sens peut-on encore donner au mot « art », quand il désigne aussi bien un tableau kitsch, une photographie branchée, une « installation » éphémère, voire l’objet le plus ordinaire, pourvu qu’il soit exposé ?

Vous pouvez les observer chaque samedi, les pèlerins de l’art, qui hantent les pâtés de maisons émaillés de galeries du quartier new-yorkais de Chelsea. Riches et, pour la plupart, bien de leur personne, ils forment néanmoins une triste cohorte, à la recherche de quelque chose, mais ne sachant pas quoi. Moins sûrs de trouver le salut que les pèlerins qui parcourent des centaines de kilomètres sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, ils suivent un chemin tracé par Artforum et la rubrique « Arts & Loisirs » du New York Times (1). Parfois ils sont impressionnés, parfois même ils sont émus. Parfois ils achètent. Mais ils éprouvent toujours une sorte de désir contrarié : n’y a-t-il donc rien d’autre à voir ? Tous les deux ans, les pèlerins arpentent les salles immenses du Whitney Museum (2) ou les allées de la Biennale à Venise, où l’art n’est pas à vendre, à la recherche de la vaste perspective, de la vue d’ensemble. Ils ne la trouvent jamais, notamment parce qu’ils ne peuvent plus y croire : on leur a appris à s’en méfier, à remettre en cause les grands ré...
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L’art conceptuel et la politique de la publicité de N’y a-t-il donc rien d’autre à voir ?, MIT Press

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