Aux origines de « l’enfer climatique »

L’idée que les activités humaines sont responsables des dérèglements climatiques ne date pas d’hier. Il y a deux ou trois siècles déjà, théologiens et naturalistes redoutaient que l’homme, par ses innombrables péchés, fasse de la Terre un enfer.


© USA Today / SPUS / ABC / Andia.fr

Aux Bahamas, après le passage de l’ouragan Dorian, en septembre 2019. L’enfer a la puissance métaphorique nécessaire pour nous faire ressentir les effets du changement climatique.

À la fin du XVIe siècle, une apothicaire de Padoue, Camilla Erculiani, fut traduite devant l’Inquisition pour avoir dénoncé les effets néfastes de l’activité humaine sur l’environnement. Les inondations accompagnées d’épidémies de peste dans le nord de l’Italie illustraient à ses yeux une catastrophe planétaire, accentuée par la surpopulation mais provoquée en dernière analyse par des pratiques pécheresses. Pour l’historienne Lydia Barnett, le recueil de lettres qui lui valut d’inquiéter l’Église est « le premier document à proposer une argumentation cohérente, systématique et scientifique sur le pouvoir qu’a l’espèce humaine de provoquer des dégâts catastrophiques sur l’environnement mondial ».   Un siècle plus tard, au cœur du ­Petit Âge glaciaire, le théologien anglican Thomas Burnet, qui correspondait avec Newton, soutenait que la planète était devenue, du fait de l’homme, « un énorme monceau de détritus » – formule reprise quasiment à l’identique par le pape François en 2015 dans l’encyclique Laudato si’. Comme ­Camilla Erculiani et Thomas Burnet, le pape pensait au paradis décrit par la Genèse, ...
LE LIVRE
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After the Flood: Imagining the Global Environment in Early Modern Europe de Lydia Barnett, Johns Hopkins University Press, 2019

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