Pourquoi Barthes fascine

Anglais et Américains sont moins sensibles que les Français à la thèse de « la mort de l’auteur ». Et se régalent de détails sur la vie de l’auteur de la thèse. Lequel les y a encouragés…


© Ferdinando Scianna / Magnum Photos

Dans le monde anglophone, c'est moins la théorie de Roland Barthes (ici en 1977) qui fascine que le personnage lui-même.

Roland Barthes est, on le sait, l’auteur qui a décrété la mort de l’auteur. « Inévitablement, dès qu’on parle de Barthes, on se doit d’y faire une allusion – sarcastique », confirme le critique littéraire Andrew ­Gallix dans The Guardian. À croire que, vue du monde anglophone, l’œuvre critique de Barthes dérive tout entière de cet axiome où il prend position avec Proust contre Sainte-Beuve, pour lequel l’œuvre d’un écrivain n’est que le reflet de sa vie et s’explique par elle. Barthes est même bien plus radical que Proust : non seulement la vie de l’auteur n’a rien à voir avec l’œuvre, mais celui-ci disparaît (meurt !) en tant que personne pour ne « naître qu’en même temps que son texte », qu’il « ne précède ni n’excède », et dont il n’est que « l’énonciateur ». Le paradoxe, c’est que, de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlan­tique, ce n’est pas cette théorie barthésienne un peu abstruse qui fascine (elle n’a pas vraiment pris corps, bien qu’...
LE LIVRE
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Album. Unpublished Correspondence and Texts de Roland Barthes, Columbia University Press, 2018

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