Avant l’arrivée des Allemands à Varsovie en 1939, le héros de
Morphine savait parfaitement qui il était : un bon vivant, un peu canaille, amateur de costumes, de belles chaussures et de voitures clinquantes. Mais, maintenant que les nazis lui ont volé sa ville, Konstanty Willemann n’est plus sûr de rien. À part qu’il n’est « pas n’importe qui » – ou bien le serait-il devenu ? Et qu’il n’aime pas « les chevaux, les uniformes et les bons à rien ». Pour le reste, Konstanty est parfois « je », parfois « il » : « Il se réveille. Je me réveille. Je suis réveillé. » La mystérieuse narratrice, qui connaît le passé de son héros, son avenir et le suit sans relâche dans les rues de Varsovie, peine à se décider.
Il est aussi à moitié allemand, ça c’est sûr, il parle même avec l’accent des aristocrates viennois. Son autre moitié est polonaise : sa mère lui a bien appris à rouler les « r » afin que jamais il ne risque de passer pour un Allemand. Alors se sent-il allemand ou polonais ? Avec Konstanty, tout le reste aussi se compte en moitiés : il se dit « ...