Virgile échappe (encore) aux flammes

C.S. Lewis, l’auteur du cycle romanesque Le Monde de Narnia, eut la mauvaise idée de s’éteindre le 22 novembre 1963, jour de l’assassinat de Kennedy : sa mort passa inaperçue. Ses malheurs ne s’arrêtèrent pas là : quelques mois plus tard, son frère organisa un autodafé dans lequel disparut une grande partie de ses papiers. Petite consolation, le jardinier parvint à en sauver quelques-uns. Parmi eux, une traduction inachevée de l’Énéide

C.S. Lewis, l’auteur du cycle romanesque Le Monde de Narnia, eut la mauvaise idée de s’éteindre le 22 novembre 1963, jour de l’assassinat de Kennedy : sa mort passa inaperçue. Ses malheurs ne s’arrêtèrent pas là : quelques mois plus tard, son frère organisa un autodafé dans lequel disparut une grande partie de ses papiers. Petite consolation, le jardinier parvint à en sauver quelques-uns. Parmi eux, une traduction inachevée de l’Énéide, qui vient d’être publiée pour la première fois. Dans le Süddeutsche Zeitung, Johan Schloemann note que « le sauvetage in extremis de cette traduction n’est pas sans une certaine ironie historique, car le poète Virgile avait, dit-on, stipulé dans son testament que les douze livres de son Énéide soient brûlés. L’empereur Auguste intervint personnellement pour empêcher cette destruction ».

Lewis était un chrétien convaincu, mais il vouait une admiration sans borne à l’œuvre toute païenne de Virgile. « Il ne voyait pas en lui l’épigone d’Homère ni le modèle classique des règles poétiques, mais le commencement de la tradition narrative médiévale faisant la part belle à l’imagination, et qui mène au Paradis perdu de Milton », rapporte Schloemann. Sa traduction s’en ressent : plutôt archaïsante, elle « a une tonalité médiévale, sans pour autant recourir à une langue médiévale ». Très lacunaire, elle couvre le premier livre, où est racontée la tempête qui conduit à la rencontre d’Énée et Didon, une bonne partie du livre II, récit tragique de la chute de Troie, et le livre VI, où Énée descend aux Enfers. Autant dire, avec Schloemann, « uniquement les passages les plus marquants de l’œuvre ».

LE LIVRE
LE LIVRE

L’Énéide perdue de C.S. Lewis, Yale University Press

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