Le roman du silence
Publié dans le magazine Books n° 46, septembre 2013.
Au début des années 1950, dans la ville de Iasi, en Roumanie, un jeune homme s’écroule sur les marches de l’hôpital. Les quelques papiers qu’il porte sur lui ne permettent pas de l’identifier, et, quand il reprend ses esprits, on se rend compte qu’il est sourd et muet. L’infirmière en chef le nomme Joan, comme le fils qu’elle a perdu. Safta, une autre infirmière, lui apporte du papier et un crayon, pour l’encourager à s’exprimer par le dessin. Comme le rapporte Clare Clark dans le Guardian, cette démarche n’a rien de fortuit : « Bien qu’elle n’en dise mot à qui que ce soit, Safta sait qui est cet inconnu »… Pour tout écrivain, recréer avec des mots le monde de ceux qui en ont perdu l’usage est un défi. Avec ce roman, « Georgina Harding l’a brillamment relevé, estime Clark, en explorant à travers son protagoniste muet les graves questions ...