Une jeunesse chauffée à blanc

« La guerre nous apparaissait comme l’action virile : de joyeux combats de tirailleurs, dans des prés où le sang tombait en rosée sur les fleurs », écrit Ernst Jünger. Embrigadés depuis la fin du XIXe siècle par des organisations nationalistes, les jeunes Allemands brûlaient de monter au front. Ils ont été les victimes d’un système perfide de militarisation des esprits.

La déclaration de guerre d’août 1914 fut accueillie avec enthousiasme par des dizaines de milliers d’étudiants et lycéens allemands. « Nul doute que la guerre ne nous offrît la grandeur, la force, la gravité, explique l’écrivain nationaliste Ernst Jünger dans son roman Orages d’acier, publié en 1920. Elle nous apparaissait comme l’action virile : de joyeux combats de tirailleurs, dans des prés où le sang tombait en rosée sur les fleurs. » Des dizaines de milliers de jeunes gens se précipitèrent au front, vers une mort précoce. En 1914-1915, les revues du mouvement de jeunesse Wandervogel montrent des soldats à cheval avec lance et bouclier – ces braves chevaliers allaient bientôt être décimés par les mitrailleuses, les grenades et les gaz mortels (1).

 

« Force purificatrice »

On découvre dans les rapports annuels des lycées prussiens que le début de la guerre a frapp&...

LE LIVRE
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Orages d’acier de Une jeunesse chauffée à blanc, Le Livre de Poche

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