Rousseau, philosophe total ?
Publié dans le magazine Books n° 40, février 2013.
« Dès l’Antiquité, on a pris l’habitude de ranger les philosophes en deux catégories, rappelle Ralf Konersman dans le Neue Zürcher Zeitung : ceux qui développent une doctrine et l’enseignent, et ceux qui entendent donner un modèle de vie sage à travers leur propre existence. » Mais un philosophe peut-il être à la fois Socrate et Platon, auteur d’un système et exemple vivant de ce système ? Oui, répond Konersman. La preuve s’appelle Jean-Jacques Rousseau. À l’occasion de la sortie d’une nouvelle traduction allemande des Rêveries du promeneur solitaire, le critique rappelle que Rousseau était hanté par cette contradiction et que c’est sans doute dans cet ouvrage, son tout dernier, qu’il est le mieux parvenu à la surmonter : « Incomparablement plus ouvert et plus radical que tous ses écrits antérieurs, les Rêveries renouvellent le questionnement sur l’unité de la vie, de la pensée et de...