Automne 2001. À la Foire du livre de Francfort, l’ambiance est très tendue. Le film des
twin towers qui s’effondrent est dans toutes les têtes. Le moindre porte-documents qui traîne fiche la frousse. Et l’ex-commandant Moulessehoul, alias l’écrivain Yasmina Khadra, ne veut pas parler de la guerre civile en Algérie, son pays. À Katharina Döbler, critique à
Die Zeit, il explique sa conception du rôle des intellectuels dans ce contexte : convaincre les terroristes de leurs erreurs. « À l’époque,
cette vision ne me semblait guère pénétrante, commente-t-elle. Depuis, elle me paraît absurde. » C’est pourtant cette prétention que voudrait servir le dernier livre du jeune retraité des armées (il a aujour-d’hui 53 ans),
Les Sirènes de Bagdad.
Le narrateur, un Irakien de 20 ans, ne se remet pas d’un épisode humiliant. Des soldats américains s’en prennent à sa famille. Le père est brutalisé, les enfants le voient dénudé. Voulant laver l’affront, le jeune Bédouin se trouve, de fil en aiguille, mêlé à un
remake du 11 Septembre, plus terrifiant encore. Pour le garçon...