Quand nous admirons les qualités esthétiques d’une peinture, nous prêtons rarement attention aux pigments dont elle est composée. Omniprésentes dans notre environnement quotidien, dématérialisées par l’informatique moderne, les couleurs ont perdu de leur magie, et nous oublions que les peintres d’autrefois devaient souvent les fabriquer eux-mêmes ou se les procurer à prix d’or. Dans son livre
Histoire vivante des couleurs, sorti le 8 septembre chez Hazan, l’essayiste Philip Ball rend justice à cet aspect parfois négligé de l’histoire de l’art. Son principal objectif, résume Kate Noble dans
Time, est justement de montrer que « l’évolution de la peinture a été déterminée tout autant par les matériaux dont disposaient les peintres que par les idées et le style de l’époque à laquelle ils vivaient ».
Prenant pour exemple le manteau de la Vierge, Ball explique ainsi que ce n’est sans doute pas pour des raisons esthétiques que les artistes du Moyen Âge l’ont systématiquement peint en bleu. Obtenu à partir du lapis-lazuli, importé d’Orient, le bleu d’outre-mer était alors le pigment le plus cher...