Comme d’autres pays, l’Allemagne connaît une augmentation des procès intentés par des patients mécontents. Il ne s’agit pas seulement d’une judiciarisation de la médecine mais de l’une des manifestations de l’« évolution profonde » du rapport entre patient et soignant. Aux yeux de Winand Gellner et Michael Schmöller, deux universitaires qui ont dirigé un ouvrage collectif sur la santé outre-Rhin, voici la « fin du patient classique ». En une vingtaine d’années, le malade s’est départi d’une attitude extrêmement passive, vouant une confiance quasi-aveugle à son médecin, pour adopter un comportement actif. Dans le meilleur des cas, il serait devenu « responsable », c’est-à-dire « informé sur son état de santé et participant lui-même aux décisions prises en vue de son traitement ».
Robert Jütte, qui commente le recueil dans la
Frankfurter Allgemeine Zeitung, ne partage pas cette analyse et fait valoir que « les patients, après tout, n’ont jamais été passifs ». Même à l’époque nazie, quand les autorités ont tenté, en vain, de faire du médecin « une sorte de Führer tout-puissant de la santé ». Le risque ...