Ce que la psychanalyse doit à Hitler
Publié dans le magazine Books n° 1, décembre 2008 - janvier 2009.
Sous l'effet du nazisme, la discipline a cessé d'être un phénomène uniquement germanique.
A l’origine de la psychanalyse : la rencontre entre un jeune médecin viennois en mal de vocation et les séances d’hypnose grand-guignolesques de Charcot à la Salpêtrière. Freud y observe la faculté, pour un illusionniste pourvu d’un fort ascendant intellectuel, de faire croire à un public d’autodidactes la validité scientifique de faux-semblants. Rentré à Vienne, il s’associe bientôt avec un autre spécialiste de « l’hystérie » féminine, catégorie en vogue à l’époque, puis avec un curieux personnage, qui croyait en l’existence d’un lien physiologique entre les tissus génitaux et nasaux. De là est née la psychanalyse viennoise, dans une communauté animée par « l’envie, la jalousie, la paranoïa et l’ambition », écrit George Makari, historien de la psychiatrie à l’université Cornell, aux Etats-Unis, lui-même psychiatre et psychanalyste.
L’historien Andrew Scull se délecte, dans les colonnes du Times Literary Supplement, d’y retrouver Freud « se comportant en tyran mesquin, volant les idées des autres et refusant de leur faire crédit, exigeant une loyauté qu’il refusait d’accorder lui-même, et présentant les spéculations les...