Un enfer en vers libres

Dans un brûlot poétique et politique, Altaf Tyrewala dénonce la brutalité et l’obscénité de sa ville natale, la monstrueuse Bombay/Mumbai.

Altaf Tyrewala aime se présenter comme un habitant de Mumbai et de Bombay, deux villes en une. Il y est né il y a un peu plus de quarante ans, avant que la métro­pole cosmopolite ne soit rebaptisée en 1995 par les natio­nalistes du Shiv Sena d’après la déesse hindoue locale, Mumbadevi. Et ne manifeste nulle complaisance : Le Ministère des Sentiments blessés apparaît comme « un livre extrê­mement déplaisant » pour les « amoureux de Mumbai », note la critique du quotidien The Hindu, elle-même mumbaikar. L’auteur montre la cité de Bollywood « pour ce qu’elle est, dépouillée de son glamour électrisant ». Cette chronique en vers libres, admet The Hindu, dévoile « avec une exactitude brutale et impitoyable » l’obscénité d’une ville de 18 millions d’habitants où s’entassent miséreux et milliardaires. Exemple ? « Il n’est décidément rien d’elle-même que cette vile impudique refusera de montrer/ Y montrer sa chatte, ouverte comme une bouche/ dans un cabinet de dentiste. » Tyre­wala restitue les « embouteillages d’ici jusqu’à Jupiter », « l’eau pré...
LE LIVRE
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Le ministère des sentiments blessés de Altaf Tyrewala, Actes Sud, 2018

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