Aron, du temps de L’Opium

Quand parut L’Opium des intellectuels, voilà soixante ans, l’historien britannique John Bowle observa : « C’est l’un des aspects les plus déprimants de la brillante culture française que des opinions aussi stupides puissent bénéficier d’un tel prestige. » Bowle faisait allusion aux marxisants ridiculisés par Aron, Sartre en tête. Quand parut la traduction anglaise, un intellectuel américain spécialiste de Marx et se disant socialiste, George Lichtheim, approuva le verdict dans la revue Commentary. En même temps, il relativisait l’importance du débat : ce sont là « des sujets auxquels les auteurs américains et britanniques n’accordent d’ordinaire guère d’attention ». Vu de New York, il y avait un côté clochemerlesque dans les philippiques d’Aron. Ce qu’il dénonçait, c’était en gros un phénomène cantonné aux cercles germanopratins, artificiellement amplifié par la grosse caisse d’un parti communiste englué dans des conceptions d’un autre âge. « Pour le lecteur non français de ce livre, à moins qu’il ne connaisse bien les traditions de la Rive gauche, une bonne partie de son contenu restera obscure. » Lichtheim ...
LE LIVRE
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L’Opium des intellectuels de Raymond Aron, Calmann-Lévy, 1955

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