Publié dans le magazine Books n° 73, février 2016.
Un roman aussi original que virtuose explore la Renaissance en prenant pour prétexte un match de tennis imaginaire entre Quevedo et le Caravage, reflet de l’affrontement entre deux visions de la modernité.
En 1451, l’évêque d’Exeter, Edmund Lacy, rédigeait un texte pour menacer d’excommunication tous ceux qui s’aventureraient à jouer au « tenys ». « L’interdiction de Lacy faisait suite à une partie jouée entre des novices et les jeunes d’un village de l’évêché, qui ne s’était pas très bien terminée », rapporte Carles Geli dans
El País. Le « tenys » d’alors se jouait en effet sans filet et avec violence.
C’est en faisant des recherches sur l’origine de ce sport que l’écrivain mexicain Álvaro Enrigue eut l’idée d’un roman aussi original que virtuose,
Mort subite, lauréat du prestigieux prix Herralde lors de sa sortie en espagnol en 2013. La scène inaugurale a de quoi surprendre : le 4 octobre 1599, à midi tapant, sur les courts de tennis de la Piazza Navona, à Rome, deux hommes s’apprêtent à défendre leur honneur à coups de raquette. Le premier est un poète espagnol dont les vers traverseront les siècles, voyou et criminel à ses heures. Le second est le plus prisé et le plus canaille des peintres italiens, joueur de tennis confirmé (qui tua son adversaire, un...