C’est le genre de tuile auquel tout écrivain maudit doit s’attendre. Le cinquantième anniversaire de la publication de
Naked Lunch, roman de William Burroughs interdit durant les années 1960 aux États-Unis pour son obscénité, a été célébré en grande pompe. Petits-fours, colloque et dévoilement d’une plaque commémorative à Paris, où l’écrivain a publié son livre (en anglais) ; conférences et sauteries en tout genre aux États-Unis, où une maison universitaire publie un érudit recueil d’essais consacré à l’étude de l’œuvre. Grover Press, l’éditeur historique de Burroughs, avait anticipé cette effervescence en publiant en novembre dernier
The Hippos Were Boiled in Their Tanks. Ce roman que Burroughs avait écrit avec Jack Kerouac en 1944 n’avait jamais trouvé d’éditeur. Et leurs héritiers s’étaient bien gardés d’exhumer ce texte qui donne à voir les deux écrivains sous un jour moins reluisant que jamais.
Héroïnomanie impénitente, homosexualité revendiquée, violences sordides en tout genre… c’est peu dire que
Naked Lunch avait choqué à sa sortie. Mais le plus détonant était le style de l’auteur : une succession chaotique ...