Des pompes funèbres

Un sexagénaire qui n’a jamais fait de sport de sa vie se met en tête de courir un marathon. Le dernier roman de Lionel Shriver est une nouvelle gifle à l’Amérique bien-pensante.


Lionel Shriver dézingue ce qu’elle nomme le « culte de la forme ». Comme Remington, le héros de son roman, Buster Martin, 101 ans, s’entraîne pour le marathon de Londres de 2008.

«Tous ces abdos pour rien », aurait gémi Jackie Kennedy sur son lit de mort, au terme d’une vie placée (entre autres) sous le signe de la culture physique et de la préservation d’un corps juvénile. C’est la même lamentation que fait entendre le couple de malencontreux antihéros imaginés par l’écrivaine américaine Lionel Shriver.

Le mari, Remington, est un fonctionnaire sexagénaire récemment licencié qui se met au marathon puis au triathlon au moment précis où Serenata, son épouse, une acharnée du sport qui a passé sa vie à compter les pompes, les tractions et autres flexions doit raccrocher à cause d’une terrible arthrose des genoux. Mise au rancart, Serenata assiste, impuissante, à la descente aux enfers de son époux, qui s’est fait mettre le grappin dessus par une jeune coach implacable, tandis qu’elle-même ­s’enfonce dans une vieillesse désabusée. À distance, depuis Londres où elle vit, Lionel Shriver s’est donné pour mission de mettre à jour toutes les blessures de la psyché américaine, et même «&...

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Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, Belfond

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