Le formidable effet placebo
La croyance du patient dans l’efficacité d’un remède, même fictif, est un élément fondamental de la médecine.
Présents dans la littérature médicale britannique dès 1785, le terme et la notion de « placebo » n’ont véritablement fait leur entrée dans la science médicale anglo-saxonne qu’en 1945 et en France qu’en 1954. Le placebo (« je plairai » en latin) est devenu un élément essentiel de la recherche clinique mais aussi de la réflexion sur le rapport entre médecin et patient. Depuis les années 1960, on ne peut décemment plus tester l’efficacité d’un médicament sans mettre en place des essais cliniques en « double aveugle », c’est-à-dire en comparant les effets du médicament et ceux d’un produit neutre (amidon, etc.) sans que ni les patients ni les médecins ne sachent lequel est administré. Comme Books l’a évoqué à plusieurs reprises, notamment à propos des antidépresseurs, certains médicaments représentant un marché mondial de plusieurs milliards de dollars n’ont guère plus d’effet qu’un placebo (lire « À qui profitent les psychotropes ? », février 2012). Dans un article fondateur publié en 1955, l’anesthésiste Henry K. Beecher, de la faculté de médecine de Harvard, a fait un exposé de l’effet placebo qui reste d’une brûlante actualité (1). Il cite d’abord une célèbre remarque du professeur de médecine américain O. H. Perry Pepper, qui écrivait en 1945 qu’à cette date aucun article scientifique n’avait été publié sur « l’important sujet du placebo ». C’est d’autant plus étonnant que le pouvoir de la suggestion était étudié depuis près d’un siècle en psychothérapie. L’une des toutes premières études sur le placebo date de 1946, année où E. Morton Jellinek, de l’université Yale, constate que, sur 199 patients…
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