Lacan, pater si peu familias

La traduction tardive aux États-Unis de l’ouvrage que la fille de Lacan a consacré à son père a quelque chose de surprenant. C’est au moins l’occasion de s’amuser un peu…

Jacques Lacan était un père épouvantable. C’est en tout cas ce qui ressort, et de façon irrécusable, du petit « puzzle » de souvenirs de sa fille Sybille, récemment traduit aux États-Unis. Récapitulons : elle a été conçue non pas hors mariage, mais dans un mariage terminé (« Je suis le fruit du désespoir, d’aucuns diront du désir, mais je ne les crois pas »). Pendant son enfance, elle ne voit son père qu’une fois par semaine – et encore –, souvent au restaurant. Son existence est niée, y compris dans le Who’s Who, au profit de Judith (Miller), la fille du second mariage de Lacan avec Sylvia Bataille, qui a droit, elle, à tous les égards. Adolescente, Sybille « déteste son père pendant plusieurs années. Comment aurait-il pu en être autrement ? ». Comme elle se plaint de troubles psychologiques, Lacan l’examine avec désinvolture (après un rendez-vous galant  fixé par commodité juste à côté de chez elle), la déclare « neurasthénique », et l’adresse à des analystes dont l’une est sa maîtresse. Elle souffre aussi, physiquement, d’une grave vulvodynie, et son père refuse brutalement ...
LE LIVRE
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Un père de Sibylle Lacan, Folio, 1997

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