Le champagne ou la mort

Du vin importé d’Espagne vendu comme du champagne ? Ce fut longtemps une pratique douteuse mais courante. Puis vint la crise du phylloxéra et la révolte des vignerons de 1911.


Épernay, en avril 1911. Durant la révolte des vignerons, l’armée intervient pour mettre fin aux pillages, aux mises à sac et aux incendies.

En 1862, un vigneron du nord d’Avignon plante quelques ceps qu’un ami lui a fait parvenir des États-Unis. Il l’ignore, mais il vient de provoquer la plus grave crise que la viticulture française ait jamais connue. « Au bout de deux ans, il découvre que les feuilles ont pris une drôle de couleur et que ses pieds de vigne dépérissent. La maladie se répand rapidement dans les vignobles », rapporte Arne Molfenter dans Der Spiegel. Cette maladie, c’est le phylloxéra, du nom du puceron qui en est à l’origine. Dans les décennies qui suivent, elle s’étend à la France et à l’Europe. Ses ravages sont gigantesques. En Champagne, au cours de l’année 1900, « 2,5 millions d’hectares de vigne doivent être détruits », poursuit Molfenter.
Pour lutter contre cette épidémie, on injecte dans le sol du disulfure de carbone – une neurotoxine. Le résultat n’est guère probant. On recourt aussi à des méthodes plus inattendues, comme faire défiler une fanfare au milieu du vignoble, en espérant chasser les insectes par la seule force de la musique militaire.

LE LIVRE
LE LIVRE

1911 en Champagne. Chronique d’une révolution de Dominique Fradet, Éditions Fradet, 2011

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