Quelle perception les enfants, en Allemagne, avaient-ils du nazisme lors de son éclosion puis de son essor ? Marcel Reich-Ranicki, qui reste la figure de proue redoutée de la critique littéraire outre-Rhin, malgré sa retraite, s’est attaqué à cette question délicate. L’ouvrage, qui rassemble une vingtaine de témoignages d’écrivains et d’intellectuels allemands, est paru en 2006. Il est aujourd’hui traduit en italien. Le journaliste du supplément culturel d’
Il Manifesto, Daniele Balico, y voit un « livre délicat, énigmatique et angoissant, comme il en va des recueils de souvenirs se rapportant à des périodes extrêmes de l’histoire ». Les témoignages montrent « comment le nazisme a envahi et modifié, fût-ce imperceptiblement, les formes élémentaires de la vie quotidienne ; sa mainmise hystérique sur le réel rencontrant sur son chemin des obstacles, des heurts insoupçonnés, ou simplement de l’indifférence ».
Voici l’historienne Carola Stern dont, enfant, le seul rêve était de devenir danseuse en dépit de ses jambes tordues. Son angoisse ? Que les communistes parviennent à assassiner l’oncle Hans, un fervent nazi de la Poméranie orientale. « Couverte de tâches...