Le roman des romans portugais

« La réalité bien observée et l’observation bien exprimée », prônait le « Zola portugais », Eça de Queirós. L’écrivain Miguel Real salue Livro, de José Luís Peixoto, une œuvre qui « renoue avec l’esprit des grands romans réalistes », ceux qui ont pour principe de « raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin ».

« La réalité bien observée et l’observation bien exprimée », prônait le « Zola portugais », Eça de Queirós. L’écrivain Miguel Real salue aujourd’hui en Livro, de José Luís Peixoto, une œuvre qui « renoue avec l’esprit des grands romans réalistes », ceux qui ont pour principe de « raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin ». Mais il ajoute immédiatement, dans le Jornal de Letras, que ce jeune écrivain de 36 ans « s’inscrit en même temps dans son siècle, “postmoderne” comme on dit, quand la forme surdétermine le fond, quand l’autoréférence abonde et que des textes de provenance diverse convergent de façon syncrétique, entre évocation des grands noms, listes de livres et adresses au lecteur ». Véritable fresque, la première partie de Livro retrace « les soixante-dix dernières années de l’histoire du Portugal à travers celle d’une famille et d’une bourgade rurale de l’Alentejo », poursuit Real dans les colonnes du magazine littéraire lisboète : « Le climat social dans l’intérieur du pays, la campagne pauvre, la dictature de Salazar et la police politique, les curés de village, les riches (la famille de Dona Milú) et les pauvres (le village entier, sans égouts, sans rues pavées, sans eau courante), l’émigration massive vers la France dans les années 1960, la révolution des œillets et l’entrée dans l’Union européenne, la richesse tape-à-l’œil des émigrés, les maisons aux façades tapissées de carrelage… » Mais si cette première partie est réaliste, la seconde fait s’effondrer tout l’édifice et « le livre se détraque complètement », confie l’auteur lui-même au quotidien Público. Là, « on parle des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, rapporte l’hebdomadaire Visão, on cite Voltaire à propos de Shakespeare, on lit des exercices de style à la Raymond Queneau, des jeux de mots, et l’on découvre qui était le narrateur de cette grande histoire, dont la première phrase donne son titre à l’ouvrage : “La mère mit le livre entre les mains du fils” ». José Luís Peixoto, déjà l’un des auteurs lusophones les plus traduits, s’impose une nouvelle fois comme un « grand écrivain », qui sait « moduler sa phrase entre la rationalité du réalisme descriptif et l’émotion du vers poétique », conclut le Jornal de Letras : « Tant du point de vue stylistique qu’au niveau de son contenu, Livro reflète toute l’histoire du roman portugais. »
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