L’empire de la matrophobie
Publié dans le magazine Books n° 24, juillet-août 2011.
« Le féminisme entretient avec la maternité des relations pour le moins compliquées », constate Laura Freixas dans Letras libres, à la lecture de ce recueil d’essais sur les représentations du phénomène « dans la philosophie, le cinéma, la psychanalyse, la religion ou la littérature ».
Les auteurs identifient à cet égard trois sensibilités : le « féminisme conservateur », qui s’accommode de « l’assignation presque exclusive des femmes à l’éducation des enfants » ; le « féminisme progressiste », « qui, ne sachant que faire de la maternité, a eu tendance à la sous-estimer ou même, de manière subtile, à la dénigrer » ; et le « féminisme de la différence » qui, à force « d’exalter la maternité et le corps féminin, réduit la femme à sa seule condition biologique de génitrice ».
Au total, c’est l’empire de la matrophobie qui ressort des œuvres ainsi analysées. L’un des textes, portant sur les relations mère-fille dans la littérature, souligne ainsi la « prédominance du point de vue de l’enfant, qui soumet à la critique la figure de la...