Les bimbos ont du bon
Publié dans le magazine Books n° 28, décembre 2011 - janvier 2012.
Les « papi-girls », ce sont ces jeunes femmes qui étaient invitées aux soirées très privées de Silvio Berlusconi. De pauvres filles exploitées ? Voire. Et si elles avaient du bon, tout comme l’omniprésence de starlettes dénudées à la télévision italienne ? La question ne vient pas d’un macho patenté, mais d’une féministe italienne bien connue.
Les « papi-girls », ce sont ces jeunes femmes qui étaient invitées aux soirées très privées de Silvio Berlusconi. De pauvres filles exploitées ? Voire. Et si elles avaient du bon, tout comme l’omniprésence de starlettes dénudées à la télévision italienne ? La question ne vient pas d’un macho patenté, mais d’une féministe italienne bien connue. Dans un essai intitulé Amore e violenza, Lea Melandri refuse de considérer ces bimbos comme de simples victimes. Certaines ont retiré d’importants bénéfices, financiers et symboliques, de leur carrière de « potiches » – que l’on songe à Mara Carfagna, ancienne pin-up devenue ministre de l’Égalité des chances. « Cela m’est difficile, mais je dois admettre que le choix de ces “esclaves radieuses” constitue aussi une forme d’émancipation, en dépit de son caractère pervers », confie l’intellectuelle au Corriere della sera.
Que le sexe soit un moyen d’ascension sociale pour les femmes démontre au contraire à quel point elles sont dominées, rétorque la journaliste Manuela Cartosio dans Lo Straniero. En février, on pouvait lire ce slogan dans les cortèges de manifestantes excédées par les frasques du Cavaliere : « Tu Ruby, io lavoro » (« Toi tu voles, moi je travaille », un jeu de mots autour de Ruby, une call-girl avec qui Berlusconi aurait eu des rapports lorsqu’elle était mineure.) Cartosio y voit toute la « rage » des femmes devant « les enveloppes pleines de billets qui rémunèrent une nuit à Arcore, dans la villa de Berlusconi », quand nombre d’entre elles s’échinent à un travail précaire pour un salaire dérisoire.