Les déboires de la « puissance musulmane » française

L’influence française au Proche-Orient pâtit d’un rêve irréaliste entretenu pour de mauvaises raisons : faire de la Méditerranée un lac français.

 


©Gilbert Uzan/Gamma-Rapho/Getty Images

Jacques Chirac en Irak, en 1976. Les gouvernements français, de droite comme de gauche, ont fait une cour effrénée à Saddam Hussein.

Le refus catégorique opposé par Benyamin Netanyahou à l’initiative française de réunir une conférence internationale pour « relancer le processus de paix » entre Israël et les Palestiniens s’inscrit dans une longue histoire, celle des relations entre la diplomatie française, les juifs et les Arabes. Elle a été racontée avec acidité voilà quelques années par un Anglais conservateur d’origine juive qui a eu accès aux archives du Quai d’Orsay jusqu’en 1964, David Pryce-Jones. Son fil conducteur est à deux brins : le rêve français d’être une « puissance musulmane » capable de damer le pion aux Anglais ; et l’antisémitisme foncier des diplomates français, encore très palpable jusqu’à une époque récente. Le livre a été salué par la presse israélienne et éreinté en quelques phrases dans Foreign Affairs. L’auteur est de parti pris, mais cet « implacable pamphlet contre le Quai d’Orsay » repose sur une « enquête bien documentée », notait en 2008 Maurice-Ruben Hayoun dans son blog de la Tribune de Genève. La notion d’une France « puissance musulmane » remonte, sinon à l’expédition d’Égypte et à la conquête ...
LE LIVRE
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Un siècle de trahison : la diplomatie française et les juifs, 1894-2007 de David Pryce-Jones, Denoël, 2008

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