Les vertus cachées des bidonvilles

On les voit comme des îlots de misère et d’insalubrité, et ils le sont. Mais les bidonvilles sont aussi bien autre chose : de véritables laboratoires urbains où s’inventent des manières de faire très économes en ressources et en énergie. Ce qui fait d’eux les meilleurs élèves d’une classe globalement vertueuse en matière d’environnement, les villes. Car, n’en déplaise aux esprits nostalgiques, à Bombay comme à New York, les citadins respectent davantage la planète que les autres.


En 1983, l’architecte Peter Calthorpe laissa tomber San Francisco, où il avait tenté sans succès d’organiser des communautés de quartier, pour emménager sur un bateau à Sausalito, sur la baie de San Francisco. Il échoua sur le South 40 Dock, où j’habite aussi, segment d’un ensemble de quatre cents maisons flottantes qui possède la plus forte concentration de logements de toute la Californie. Sans aucun effort, il s’était créé là une communauté animée et fière d’elle-même, où nul ne verrouillait sa porte. Cherchant à identifier ce qui, dans sa conception, la faisait ainsi fonctionner, Calthorpe s’avisa que c’était le dock lui-même, et la densité de population. Tous les habitants passaient à pied chaque jour devant les bateaux des uns et des autres, au gré de leurs allées et venues entre le ponton et le parking. Tous connaissaient les visages, les voix et les chats de leurs voisins. C’était une communauté, jugea Calthorpe, parce qu’on pouvait y marcher. Fort de cette intuition initiale, il devint l’un des fondateurs du new urbanism, avec Andrés Duany, Elizabeth Plater-Zyberk et d’autres (1). En 1985, il imagina le ...
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Le Défi des bidonvilles. Rapport mondial sur les établissements humains de Les vertus cachées des bidonvilles, ONU-Habitat

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