On peut toujours s’interroger sur l’intérêt qu’il y a à lire plus de 600 pages consacrées à l’un des pires bourreaux de l’histoire, Nikolaï Iejov, le chef de la police politique soviétique du temps de la Grande Terreur (1937-1938). D’autant plus que l’homme choisi pour tourner la manivelle de ce que les Russes appellent pour décrire cette période la
miessoroubka (le hachoir à viande) était plutôt quelconque : petit (il faisait 1,54 m), falot et passablement inculte. C’est pourtant lui que Staline chargea de « nettoyer » le Parti des « traîtres » et des « déviants ». Il s’exécuta, avec une méticulosité et une efficacité redoutables : l’homme était obéissant et illustrait à lui tout seul la réalité d’un système à ce point bureaucratique et violent qu’il portait les germes de sa propre destruction. Sans surprise, Iejov et ses sbires finirent comme leurs victimes, torturés et exécutés. Parce que tout comme la Révolution, la Grande Terreur se débarrasse de ses exécutants. L’historien Alexeï Pavlioukov réussit l’exploit non pas de brosser le portrait, maintes fois fait, du « nain...