Lourdes : des miracles très politiques

Très vite après les premières visions de Bernadette Soubirous, en 1858, Lourdes attire les foules. Pour les catholiques qui se sentent menacés par la montée du républicanisme laïc et de la rationalité scientifique, le pèlerinage est l’occasion de resserrer les rangs.


© S. Gautier/Sagaphoto

Lourdes, de nos jours. Chaque année, des milliers de malades se rendent à la grotte de Massabielle dans l’espoir d’une guérison miraculeuse.

Difficile de trouver dans la France du XIXe siècle deux personnes plus dissemblables que Louis Pasteur et Bernadette Soubirous. Pasteur, l’idole de la biologie moderne, était un héros national, un pilier de l’université, l’incarnation même de la civilisation moderne, libérale, ration­nelle. Bernadette Soubirous était une petite paysanne pauvre, tuberculeuse et illettrée, ne sachant parler que son patois gascon, qui assura en février 1858 avoir vu une apparition miraculeuse dans une grotte voisine de la localité de Lourdes. L’apparition lui aurait dit : « Que soy era Immaculada Councepciou », « Je suis l’Immaculée Conception ». Et pourtant, aussi bien Pasteur que Bernadette ont été érigés en symboles de guérison. Dans la décennie qui suit l’apparition de la Vierge, Lourdes devient l’un des principaux lieux de pèlerinage du monde, et les gens s’y pressent par milliers pour se baigner dans l’eau de la source découverte par Bernadette, afin d’être soulagés de leurs affections handicapantes. Depuis lors, les malades n’ont cessé d’affluer à Lourdes, le plus souvent parce que les successeurs de Pasteur dans la profession médicale n’ont pas é...
LE LIVRE
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Lourdes. La grande histoire des apparitions, des pèlerinages et des guérisons de Ruth Harris, JC Lattès, 2001

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